Buongiorno belle ragazze !
Bon, d'accord, Pénélope-la-Feignasse vous avait promis des photos qui tardent à venir, mais n'oubliez pas, c'est l'attente le meilleur moment... D'ailleurs, plus vous languissez, plus vous en aurez...
Bilan de ces derniers jours : entre quelques croix de sampler, quelques rangs de tricot, quelques serviettes collées (ça m'amuse beaucoup, mais avouez que c'est vraiment du n'importe quoi... Vous verrez ça aussi !)je continue, cahin, caha, à porter la dernière touche à la cuisine d'autrefois... Figurez-vous que ces andouilles de Castotenfaitrop suggéraient, fort élégamment, histoire de refiler leur camelote, de peindre portes, plinthes et radiateurs dans un coloris assorti au mur, vendu en kit bien sûr (40€ tout de même), ceci afin de parfaire l'oeuvre en lui donnant une patine digne d'un manoir du XVIeme... Voyons dans le détail le processus d'un massacre annoncé...
1° Ouvrir la boite "Patine d'Autrefois", considérer dubitative un gros flacon de liquide blanc, accompagné d'un autre coloré "Terre de Vignes", comme les murs sus-cités.
2° Lire le mode d'emploi : blanchir tout ce qu'on veut avec la béchamel livrée, laissez sêcher, puis appliquer le voile caramélisé. Bien, j'obtempère, sans trop me poser de questions, ce sont eux les hommes de l'art...
3° Le lendemain : Blanc sec, c'est là qu'on rigole : prendre un pinceau large (fourni, merci dans le kit), et tirer hardiment la peinture du haut en bas de la porte pour obtenir un effet de transparence imitant les veines du bois (?)... Bon, Ulysse s'est mis en tête d'arroser l'herbe du jardin qu'il nomme pompeusement "pelouse"... Pinceau en main, d'un pas assuré, je lui demande avec diplomatie de me démonter les poignées de porte pendant que je m'applique à tromper mon oeil sur les embrasures censées se lambrisser.... Le pauvre ne répond pas, absorbé à régler ses arrosages (!)j'hallucine : son gazon digne du Parc des Princes ou de quelque green 18 trous australien est constitué de verdure hétéroclite, dressée certes à s'étoffer à force d'être tondue, mais parcourue de pissenlits (qui ne mouftent pas il faut bien le dire, à peine la fleur éclose,pfuit, la tondeuse se charge de la semer aux quatre vents)... Les pâquerettes jouent les perce-neige, frileusement regroupées, l'union fait la force qu'y disaient, et... pfuit, ça fait désordre, plus de pâquerettes... Bon, enfin, tout ça pour vous dire qu'Au Bonheur des Vaches fait celui d'Ulysse et le rend sourd.
Rageusement j'attaque mes portes, me promettant de ne pas réitérer ma supplique poignante d'un coup de main pour être sans poignées. En attendant mon poignet a pris le pli, et magistral, laisse derrière son pinceau des sillons dignes d'un chêne séculaire... Mais la rage désinvolte habite Pénélope, qui l'eût cru ?, et sans sourciller, les poignées métalliques se retrouvent veinées passant ainsi du minéral au végétal, sans l'ombre d'un remords... Résultat final ? Cocasse... Inutile de vous dire que de patine, seul le mot est à retenir... A moins que l'on puisse s'aventurer en parlant de Patine du Futur... Pourquoi pas ? Fiston a trouvé que cela faisait "sale", donc c'est peut-être la patine qu'auront les portes dans quelques décennies, si elles ne sont jamais lessivées... Merci Castorique pour nous prendre, stupide clientèle, pour des demeurés incapables de reconnaître une patine de charme d'une crasse patinée...
Passons sur cet épisode, au vu des photos, vous vous rendrez mieux compte, on s'éloigne de plus en plus du look "Belles Demeures", "Maisons de France"... A mon niveau, cela tient plus maintenant de "Châteaux en Espagne"... ça n'est plus une réalité, c'est une fiction de rénovation...
Aujourd'hui, comme dirait Scarlett en ramassant une poignée de terre de Tara, son domaine, "un nouveau soleil se lève sur un nouveau monde..."
But avoué : améliorer ces magnifiques murs ensoleillés d'une frise à hauteur d'oeil (ruse : pendant qu'on regarde les feuilles d'olivier, on ne s'extasie pas sur la jonction murs-plafonds pas nets, normal, c'est de l'enduit ma bonne dame, donc irrégulier...). La dite frise sera réalisée en cire (aucune peinture n'ayant la courtoisie de prendre sur de la cire), avec pochoir, ton plus soutenu, à savoir "Terre de Provence" (ils auraient pu appeler ça "Argile mouillée", mais ç'était moins poétique, et surtout, ça colle aux pieds... j'aurais du me méfier...)
Donc, dans le soleil levant, enthousiaste, je déballe mon pochoir oléagineux, le cirage adéquat, et en voiture Simone... Petit essai dans un coin... Je m'extasie toute seule (eh oui, ya des jours comme ça ! ouah ! classe !)... Essai concluant, je décide de piloter l'entreprise en m'offrant le périmètre de la cuisine... Aie... leur truc est censé s'agripper tout seul au mur façon sangsue... Cent fois à terre, tu ramasseras ton ouvrage... Eurêka... Du scotch...repositionnable... Belle invention... Le truc mesure quand même 1,10m et, à moins d'avoir des velléités d'artiste avinée, devrait se placer à l'horizontale... Bien... Je sens que ça vient...La technique (pas les nerfs, mes géniteurs ayant omis de m'en fournir à la naissance, je ne m'énerve JAMAIS)... J'attrape mon joli petit pinceau cylindrique et barbouille amoureusement les petits trous du pochoir... Sans être poinçonneur des lilas, j'avoue trouver l'expérience trés ludique... Surtout au décollement du support, lorsque la fresque digne d'un Piero della Francesca apparâit, je me prendrais presque à imaginer être l'archéologue de ces lieux et ne faire que mettre à jour des trésors enfouis ad seculam ... L'oeuvre se poursuit, ingénuement je redécouvre les mêmes feuillages symboles de paix sans qu'ils ne soient jamais ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait d'autres... Poètiquement vôtre, je suis dans l'obligation de vous arracher à votre rêverie devant la dure réalité du bricolage : que cette mésaventure serve à celles qui voudraient tenter l'expérience...
A force de ballader ma fresque plastifiée, de la cire s'est sournoisement glissée sous les jours évidés, barbouillant le verso... au décollage, le final fut grotesque... En fait d'olives, certaines prirent la forme de bananes, plusieurs olives ? un régime... évidemment ça fait désordre... La cohérence en prend un coup, un peu de Provence, un peu de Toscane, beaucoup de Martinique... Donc, il suffit, entre chaque adhésion d'essuyer le revers baveux... c'est en forgeant qu'on devient forgeron....
Allez, ne vous desespérez pas, il faut vraiment regarder cette frise avec les yeux de Champollion regardant sa pierre de Rosette pour voir Salade de Fruits, joli, joli, et même avec un peu d'imagination des déjections canines, de celles qui ornent les trottoirs parisiens lorsque les pauvres quadrupèdes ont ingéré du Frolic (crottes rouges terre cuite pour celles qui n'ont que des kangourous ou des poissons tropicaux)...
Laconique, le verdict de fiston fût plus positif : "pourquoi t'as pas fait la même en haut ? " preuve que ça lui plait... Ulysse ? bah ! lui, quoi que je fasse, il s'en fout.. Donc demain peut-être retenterai-je l'expérience, en prenant de la hauteur.
Avant que mon escabot ne me joue un tour pendable (son côté Pisan n'a échappé à personne), je continuerai à agrémenter (?) l'ordinaire d'une maison qui se voudrait villa toscane ou vénitienne... Quoique... je rêve parfois de ce plâtre qui ne me laissera, d'autre alternative que...
LE PLAISIR DE VOUS LIRE...