LA SEMAINE DU BLANC....
Bonsoir mes douces... Aurez-vous l'indulgence de me pardonner si mes propos ce soir sont décousus, fourbue je suis et ne vois plus le bout de ma petite entreprise... Pas de photos, j'en ferai demain, mais réfléchissez bien avant de vous lancer, si d'aventure, mon expérience éveillait des vélléités de grand chambardement chez certaines d'entre vous... Ce n'est plus un chantier, c'est un cauchemar... Imaginez, après les illustrations du post précédent, la suite logique est de peindre le plafond...
Armée d'une lance au bout de laquelle s'agite un rouleau poilu, je me mets en devoir de blanchir la voûte celeste... Telle Ivanohé, j'attaque, simplement équipée d'un escabot pour toute monture... D'un geste vigoureux, la lance est plantée dans la mélasse laiteuse... Le rouleau alourdi s'élève vers le ciel, dégoulinant des larmes opaques qui viennent s'écraser sans bruit au sol ou sur mon visage implorant comme celui d'une madone au pied de la croix...
Passer outre ce genre de vicissitude et enduire avec délicatesse et fermeté mon ciel de casseroles... (ben oui, certains ont des ciels de lit, ici c'est un ciel de gamelles)... Rrrr... rrrrr ... RRR... rrrr... gazouille mon poilu au fil de mes aller-retour au firmament... Le carrelage maculé me rappelle un conseil glané chez Castodelà : mouiller en permanence le sol pour éviter que la peinture ne sêche et pouvoir l'enlever ultérieurement avec grâce et simplicité... O.K. c'est la Féria à Nimes, mon balai espagnol dansera donc un flamenco jubilatoire et préventif...
On continue... Surtout, bien croiser les passages, en exécutant un mouvement de balancier de tout le corps, comme un gros ours ballot devant une ruche, ça à l'air d'avancer... Sauf que... Un gros ours fait rarement un vol plané lance à la main après avoir glissé sur le sol beurré de peinture bien liquéfiée par la danseuse de flamenco... Galère... On se reprend... Ding, ding, ding... Le lustre non décroché par Ulysse se prend des coups de manche dans ses tulipes de verre... Pas grave... De toute façon, un bon prétexte pour s'en débarasser, s'il avait la délicatesse de se laisser choir de lui-même, attendu qu'il n'est plus en odeur de sainteté ... (faut pas rêver, il tient bon l'animal, pourtant une jolie petite place l'attend dans le garage, l'heure de la retraite a sonné, mais il s'accroche, c'est le moins qu'on puisse dire ! et au plafond en plus !)
Le dessus des meubles suspendus, un pensum... la hallebarde doit alors être tenue parallèle au plafond, mais à 20 cm, ce qui oblige à se contorsionner sur l'escabot devenu glissant à son tour, par mimétisme avec le carrelage je suppose...
Je vous passerai l'épisode de la poutre qui traverse la cuisine, divisant le plafond en deux quadrilatères... poutre qui a l'élégance de s'effriter au moment où je la roule voluptueusement sous les poils de l'anti-gouttes, race du rouleau dont je me sers...
Alors là mes amies, les épaules douloureuses s'affaissent un peu plus , les trapèzes contractés enserrent une nuque bloquée par la position de l'oie au moment du gavage, dire que les bras tombent serait exagéré, à moins de se prendre pour la Vénus de Milo, laquelle n'a certainement jamais repeint de plafond... Ou alors celui de quelque "impluvium", histoire de se faire remarquer ... Mais si les bras pendent encore au bout des clavicules, comme deux loques inertes, deux volets battus par les vents dans la tempête, le moral lui se liquéfie dans le conseil sus-cité et gadouilleux... Il faut tout stopper, gâcher à nouveau du plâtre, avec l'impression simultanée de gâcher son temps, ré-enduire la fissure félone, écraser la traîtresse qui , outrecuidante, s'est permis d'interrompre le ballet du rouleau...
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INTERLUDE
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QUE FAIT ULYSSE PENDANT CE TEMPS ?
RASSUREZ VOUS, IL REGARDE LA TELE ....
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Après deux heures de combat inégal avec un élément d'une navrante platitude, le plafond m'illumine de sa blancheur retrouvée ... Votre serviteur, épuisée, se laisse masser par une douche bienfaisante avant de tomber, ivre de fatigue... Le repos du guerrier peut commencer...
Suite de nos aventures dans le prochain numéro... Ne ratez pas : La Vengeance des Murs Dénudés, ou comment la couche d'acrylique précède la couche d'apprêt, les deux s'évertuant à vous faire abandonner le projet...
Avant de me livrer corps et âme au Sommeil Réparateur, je ne peux me passer d'un petit plaisir....
CELUI DE VOUS LIRE BIEN SUR.......